Portrait : Vanessa Croome, soprano

Mode de vie

Par

21 juin 2022

VANESSA CROOME, SOPRANO

ATELIER 2019-2022

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Marianne Charland

Originaire de l’île de Vancouver, Vanessa Croome arrive à Montréal en 2017 pour étudier en chant à l’Université McGill, avant de faire son entrée comme stagiaire à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal en 2019. Pétillante et enthousiaste, la jeune soprano revient avec nous sur ses trois années hors du commun au sein de sa nouvelle famille lyrique.

Née pour être artiste

Depuis toute petite, le chant fait partie de la vie de Vanessa. Guidée par les activités qui l’interpellent et les portes qui s’ouvrent à elle, la petite débute dans des chœurs, puis goûte au théâtre musical ainsi qu’aux productions télévisuelles. « J’avais un agent, j’ai fait des auditions et j’ai eu la chance de participer à des films locaux, mais j’ai finalement décidé de me concentrer sur le chant. Je pense que j’ai signé mon premier contrat professionnel pour une comédie musicale à l’âge de 12 ans », se souvient la soprano.

Forte de tout ce bagage artistique, la jeune Vanessa reçoit à 16 ans une bourse d’études l’invitant à intégrer l’Académie d’art Interlochen, au Michigan. Elle y termine ses études secondaires, puis obtient un baccalauréat en chant du Oberlin Conservatory of Music en Ohio. Prochaine escale : Montréal!

Un retour aux sources familiales

Mais pourquoi une jeune fille originaire de l’ouest du pays qui a les deux pieds aux États-Unis choisit-elle Montréal pour terminer ses études en chant lyrique? « Ma mère est québécoise! Elle vient d’une famille anglophone de Châteauguay et a toujours parlé de Montréal comme d’un happy place. Et puis tout le monde aime Montréal! J’ai toujours senti un lien particulier avec cette ville, et je rêve d’y habiter depuis que je suis jeune. »

Il faut aussi préciser que la jeune femme s’exprime dans un français très fluide, ponctué ici et là de mots d’anglais. « Ma mère tenait absolument à ce qu’on apprenne le français. C’était très important pour elle, car elle n’avait pas eu cette chance, même si elle avait grandi au Québec. Je suis donc allée dans une école francophone. »

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Sous le charme de Montréal

Dès son arrivée, l’énergie unique de la métropole enchante Vanessa. « À cause du mélange des cultures et de la diversité qu’on y retrouve, les gens sont très ouverts. Ils sont aussi intéressés par les arts et la culture. Et j’adore le mélange des langues! Quand je rencontre des gens qui passent facilement de l’anglais au français, je trouve ça cool. »

Lorsque Marie-Eve Scarfone, qui travaille alors à l’Atelier lyrique, vient donner des coachings à l’École de musique Schulich de l’Université McGill, c’est la révélation. « J’ai adoré travailler avec elle. Elle m’a parlé de l’Atelier et y entrer est devenu un rêve. J’ai décidé de passer l’audition. » On connaît la suite!

En quête d’indépendance

Lorsqu’elle intègre le programme, Vanessa est dans la jeune vingtaine et ignore encore quelles sont ses aspirations profondes. « J’avais l’habitude de me laisser porter par les événements. Mais quand tu es une artiste, tu dois prendre tes propres décisions, gérer ton parcours, te créer un cadre et un horaire. J’ai trouvé à l’Atelier tous les outils pour développer ma propre autonomie et tenir les rênes de ma propre existence. »

C’est d’ailleurs à cause de son jeune âge, ainsi que de l’arrivée de la pandémie, que l’équipe de l’Atelier et la soprano ont convenu qu’une troisième année comme résidente lui serait bénéfique. « Beaucoup de mes projets ont été annulés ou reportés à cause de la COVID-19, et comme je commençais tout juste mon travail avec Ariane Girard, ma professeure de chant, ils m’ont offert de rester une année supplémentaire. Je leur en suis très reconnaissante! »

Des professeurs inspirants

Son travail auprès d’Ariane Girard lui amène une confiance toute nouvelle. « Elle est vraiment spéciale, et notre travail ensemble a changé ma vie vocale. Je n’ai jamais été aussi confiante en ma technique! » 

L’apport à son parcours de Guillaume Dulude, coach en motivation et leadership, est également substantiel. « L’opéra, c’est vraiment une mental game. Tu travailles tellement fort pour pouvoir performer et donner le meilleur de toi pendant un court moment de ta vie. On a besoin d’être stable mentalement et de se créer des stratégies de préparation efficaces. Mon travail avec lui a eu une influence énorme. »

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Une création et un classique : deux projets marquants

Durant ce séjour à l’Atelier marqué par la pandémie, deux projets particulièrement porteurs de sens se distinguent pour la soprano.

Au moment où la vie s’immobilise, le 13 mars 2020, l’opéra L’hiver attend beaucoup de moi s’apprête à rencontrer son public. « On avait notre dress rehearsal cette journée-là, et tout s’est arrêté. » La production se transforme en présentation virtuelle à l’automne de la même année. « Participer à la création de cet opéra québécois a été une expérience vraiment particulière. D’abord parce qu’on était une équipe 100% féminine : la compositrice, la librettiste, la directrice musicale, la metteuse en scène, les interprètes. Ensuite, parce que les enjeux abordés étaient très contemporains et actuels. J’interprétais une fille enceinte qui fuit une relation violente, c’était très concret et réaliste. »

Dans un tout autre registre, Vanessa endosse le rôle de doublure de la Reine de la nuit dans la production de la Flûte enchantée qui clôt la saison 2021-2022 de l’Opéra de Montréal. Un défi de taille, mais ô combien satisfaisant! « La femme qui l’interprétait a été retenue à l’étranger au début des répétitions, j’ai donc eu la chance de chanter les trois premières semaines, dans le décor, avec toute la distribution. C’était une fin de parcours parfaite à l’Atelier! »

Des rôles de rêve

Goûter de si près à ce personnage mythique a donné envie à Vanessa de l’interpréter à son tour sur une grande scène. « Chanter des notes aiguës comme ça, c’est tellement intense! Et puis j’adore Mozart. C’est simple, beau, subtil, ça parle à notre sensibilité humaine. C’est juste parfait! »

Outre son amour pour Mozart, la soprano a un faible pour la musique baroque et la musique contemporaine. En assistant à une projection de la création Eurydice de Matthew Aucoin présentée par le Metropolitan Opera, la soprano tombe en amour avec l'œuvre et son rôle-titre. « On assiste à l’histoire de son point de vue à elle, on a accès à ses pensées. Et la musique… Oh my God, j’ai jamais pleuré comme ça à l’opéra. J’ai trouvé ça tellement beau. Je me suis dit “s’il y a des œuvres comme ça qui se créent en ce moment, opera’s gonna be fine.” C’est un de mes rêves maintenant de chanter ce rôle. »

Production d’opéra, marketing… et un repos bien mérité!

Qu’est-ce qui attend la jeune soprano curieuse et créative? « La vie! », répond-elle en riant. Au cours des deux dernières années, Vanessa complète un cours en marketing en parallèle à son parcours à l’Atelier, une formation qui comble ses autres passions. « Je voulais me donner une certaine sécurité, et j’ai toujours trouvé intéressant le mariage entre la stratégie et la créativité dans le marketing. L’équipe de l’Atelier m’a donné l’espace pour le faire et la liberté d’explorer. »

Surtout, elle voit son automne à venir comme une grande respiration qui lui permettra de se poser. « Je pars pour l’été à l’Opéra de Santa Fe aux États-Unis, et ensuite, ce sera un peu comme sauter dans le vide du haut d’une montagne. Mais je suis confiante! Je resterai toujours en contact avec l’Atelier, c’est certain. J’ai même des projets de récitals avec Holly Kroeker qui y travaille. Je reste au moins à Montréal pour la prochaine année, et après, qui sait où la vie me mènera! »

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