Portrait : Geoffrey Schellenberg, baryton

Mode de vie

Par

16 août 2022

Geoffrey schellenberg, baryton

ATELIER 2020-2022

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Marianne Charland

Originaire du Minnesota, Geoffrey Schellenberg promène ses pénates sur la côte ouest américaine et canadienne avant de prendre racine à Montréal en 2020, en pleine pandémie, pour faire son entrée à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Coup de cœur inattendu: il tombe sous le charme de la métropole qu’il considère désormais comme chez lui.

Rencontre avec un baryton passionné, intellectuel, travaillant et attachant!

Des sciences au chant lyrique

Bien qu’il ait grandi dans une famille où la musique occupe une grande place — son père détient un doctorat en enseignement de la musique — , jamais l’idée d’en faire une carrière ne lui est apparue comme une évidence. Après avoir joué du violoncelle et chanté pour le plaisir dans sa jeunesse, le jeune homme, qui possède la double citoyenneté américaine et canadienne, met le cap sur Vancouver avec son frère jumeau pour y étudier… la chimie. « À ce moment-là, je ne savais pas encore ce que je voulais faire de ma vie. »

La University of British Columbia possédant un important département de musique, Geoffrey se retrouve rapidement à y graviter, intégrant peu à peu des productions où il se fait des amis. Parallèlement à son cursus en sciences, il s’inscrit à une mineure en musique. « Rapidement, je me suis mis à passer de 6 à 8 heures par jour au département de musique, alors que j’étais toujours officiellement étudiant en chimie! »

De fil en aiguille, il s’inscrit à des cours de chant, auditionne pour intégrer le programme en chant l’année suivante et y est accepté. Le reste appartient à l’histoire!

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À la découverte des programmes pour jeunes artistes

Une fois son parcours scolaire à la UBC terminé, le baryton ne s’accorde pas de pause. « Tout de suite après ma maîtrise, j’ai fait partie du Calgary Opera’s McPhee Artist Development Program pendant 1 an, puis j’ai été accepté au Portland Opera Resident Artist Program, en Oregon, près d’où j’ai grandi. Au cours de ces deux résidences, j’ai acquis de l’expérience scénique, et je me suis fait offrir de bons rôles. Malheureusement, la pandémie est arrivée et beaucoup de mes représentations ont été annulées. »

Au cœur de cette tourmente marquée par la COVID-19, Geoffrey auditionne pour l’Atelier lyrique de Montréal. « Je suis si heureux d’y avoir été admis! J’ai apprécié chaque minute que j’ai passée ici, et j’ai découvert à Montréal une vie et une culture complètement différentes de ce à quoi je m’attendais. C’est une ville fantastique! »

L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal: être à la bonne place, au bon moment

Avec le recul des deux dernières années, le chanteur affirme sans hésiter que l’Atelier lyrique correspond en tout point au programme qu’il lui fallait au moment où il y a fait son entrée. « Je savais que c’était un bon programme, mais je ne savais pas à quel point. »

Qu’est-ce qui en fait la force? Son équilibre parfait entre formation, expérience scénique et réseautage. « Et l’Atelier lyrique excelle dans tous ces aspects. » Sa situation géographique avantageuse constitue aussi un atout incontestable pour les jeunes chanteurs et chanteuses qui y résident. « Les arts occupent une place importante à Montréal, il y a beaucoup de concerts et les gens sont curieux et heureux de découvrir de nouvelles voix. On a aussi beaucoup d’occasions d’auditionner pour différents chefs et différents ensembles. »

Une formation d’exception

Geoffrey ne tarit pas d’éloges envers le corps professoral qui l’a accompagné tout au long de la résidence. « Ariane Girard, ma professeure de chant, et Esther Gonthier, ma pianiste coach, ont complètement transformé ma façon de chanter et d’être un artiste. Je ne me suis jamais amélioré autant que dans les deux dernières années. Tous les professionnels avec qui j’ai travaillé ici sont incroyables. Je n’ai que du bien à en dire! »

Offrant aux jeunes artistes un environnement sécurisant et stimulant, un grand soutien et des ressources à portée de main, l’Atelier lyrique favorise le travail dans un climat de franche camaraderie plutôt que de compétition malsaine. « En souhaitant que tout le monde réussisse et se surpasse, l’équipe encourage les bonnes relations entre collègues et apporte un certain calme chez les chanteurs. Ici, on me permet de travailler fort et de m’améliorer, mais je ne sens jamais qu’on m’en demande trop ou qu’on me met de la pression. »

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La Flûte enchantée: une expérience unique

Plusieurs projets à l’Atelier ont marqué de manière significative le parcours du chanteur, mais le tout dernier, celui qui clôt sa résidence ainsi que la saison 2021-2022 de l’Opéra de Montréal, est très différent de tout ce qu’il a connu.

La production de La Flûte enchantée dans laquelle il endosse le rôle de doublure de Papageno a déjà fait le tour du monde et été bien accueillie partout sur son passage. « La mise en scène est très différente des productions plus traditionnelles parce qu’il y a beaucoup de projections. Les interprètes doivent donc coordonner leurs mouvements avec les images. »

Si, dans beaucoup de productions, les doublures demeurent le plus souvent assises durant les répétitions à prendre des notes, cette fois-ci, la situation est toute autre. « On a eu la chance d’être très actifs pendant les répétitions et de chanter plusieurs fois le rôle. J’en ai perdu le compte! À cause de la COVID-19, les chances étaient plus importantes qu’on ait à saisir la balle au bond et sauter sur la scène, et comme tous les déplacements doivent être réglés au quart de tour, on devait pratiquer dans l’espace. Le fait qu’ils nous donnent le temps, la confiance et l’opportunité de répéter, tant musicalement que scéniquement, c’était unique, et ça a été une occasion incroyable d’apprendre. »

Embrasser un large répertoire

Avec une voix adaptée à la fois à l’opéra italien et l’opéra français, le répertoire qu’affectionne le baryton est vaste. Son oreille absolue et son expérience de violoncelliste le prédisposent également à la musique contemporaine, à laquelle il souhaite se mouiller davantage éventuellement. Malgré tout, le rôle de Figaro dans le Barbier de Séville occupe une place toute spéciale dans son cœur, et il caresse le rêve d’un jour l’interpréter sur une des grandes scènes de ce monde.

Une suite bien chargée!

Son agenda déjà rempli ne ment pas: l’après-Atelier de Geoffrey s’annonce bien occupé. Cet été, il part chanter avec le Saskatoon Opera avant de se joindre à la production de la Cenerentola du Brott Opera. En août, il chantera Eugene Onegin au Highlands Opera Studio, puis il foulera de nouveau les planches de l’Opéra de Montréal au cours de la prochaine saison. Tout en poursuivant son travail sur scène, le chanteur entamera également un doctorat à l’Université de Montréal à l’automne. « J’adore apprendre, je suis très curieux, et il y a une forte tradition d’éducation dans ma famille. J’en ai certainement hérité! J’ai toujours voulu faire un doctorat, et je suis heureux de m’y mettre bientôt. »

Comme il prévoit demeurer à Montréal pour encore un bon moment, il est certain que le baryton conservera une belle relation avec l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. « On va se côtoyer de près l’an prochain, et j’espère que ça se poursuivra! »

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