Portrait : Holly Kroeker, pianiste

Mode de vie

Par

07 décembre 2020

Holly kroeker, pianiste / cheffe de chant
Atelier 2018-2021

Texte : Véronique Gauthier
Photos : Marianne Charland

C’est lors d’une journée d’automne à saveur d’été que nous rencontrons la charmante pianiste dans sa cour arrièreArrivée à Montréal en 2018 pour démarrer une nouvelle aventure à l’Opéra de Montréal, Holly est rapidement tombée amoureuse de la ville, ainsi que de la famille qu’elle a trouvée à l’Atelier lyrique.  

La vie sociale comme porte d’entrée 

Née au Manitoba, Holly déménage avec sa famille en Alberta alors qu’elle a tout juste deux ans. Afin de se créer un nouveau réseau de connaissances et de faciliter les rencontres dans leur nouveau milieusa mère l’inscrit à mille et une activités. C’est ainsi qu’à l’âge de trois ans, la petite Holly pose les doigts sur les touches d’un piano pour la première fois. «J’ai fait de la danse, de la gymnastique, du patinage artistique… mais c’est le piano qui a collé!»  

De fil en aiguille, la pianiste se retrouve au baccalauréat en interprétation à l’Université d’EdmontonElle y fréquente de plus en plus les étudiants en chant qu’elle trouve sociables et pétillants. Les conversations avec eux sont toujours passionnantes«Les poèmes, le travail des différentes langues, le répertoire, comment la voix fonctionne, tout ça m’a fascinée!» Elle s’inscrit dès lors aux mêmes cours que ses amis pour mieux comprendre le monde dans lequel ils évoluent. «J’étais la seule pianiste au milieu de chanteurs! C’est là que j’ai compris que c’était le chemin que je voulais suivre.» 

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Quand la musique mène à l’amour 

C’est également à l’Université d’Edmonton qu’Holly fait la connaissance du ténor Matthew Dalen, aujourd’hui devenu son mari. «Après notre baccalauréatnous sommes partis ensemble faire notre maitrise à l’Université de Toronto, puis nous avons tous les deux été acceptés au Yulanda M. Faris Young Artists Program à Vancouver. On a été très chanceux!» Holly est ensuite admise à l’Atelier lyrique et son amoureux la suit à Montréal, où il fait lui-même son entrée dans le programme comme chanteur l’année suivante. «On travaille vraiment bien ensemblePeut-être parce que notre relation a commencé de cette façon.» 

Un espace accueillant et sécurisant 

Dès son audition, Holly sent que toute l’équipe de l’Atelier l’accueillera à bras ouverts, avec chaleur et bienveillance. «Je sais qu’ici je peux prendre des risques, assumer qui je suis et pousser plus loin mes idées. C’est primordial pour apprendre!» Parce qu’il ne suffit pas de pratiquer des heures durant chez soi, dans son salon. Il faut aussi plonger au cœur de l’action. «L’Atelier me permet d’avoir les deux mains dedans, de mener une répétition, d’essayer, de me tromper, de recommencer. Et ils nouoffrent la chance de travailler dans différents contextes, avec différents chefs, différents orchestres, dans différents styles de musique.»  

Plus que tout, l’Atelier l’a libérée du syndrome de l’imposteur et lui a confirmé qu’elle avait toute la crédibilité nécessaire pour exercer son métier. «J’ai appris que je peux avoir confiance en moi, que j’ai de bonnes oreilles, que ma technique est bonne, et que mon opinion est tout aussi valable que celle de quelqu’un d’autre. J’ai quelque chose à offrir dans une salle de répétition, je n’ai plus peur de donner mon opinion et mes suggestions.» Grâce aux outils qui lui sont offerts, elle développe la meilleure version d’elle-même. «Ils prennent soin de chaque individu, partent de ce que tu es pour t’amener plus loin. On me respecte pour qui je suis et on me fait confiance.»  

 
Des mentors inspirants 

Au cours de ses deux premières années à Montréal, Holly travaille avec la pianiste Marie-Eve Scarfone«Il est rare d’avoir pour mentor une jeune femme encore très active dans le milieu, alors pour moi, de l’observer, çété vraiment inspirant. Elle était un modèle à suivre, je pouvais me dire “si je veux me rendre là, voilà ce que je dois faire.” J’ai tellement aimé travailler avec elle!». Avec Guillaume Dulude, elle a pu développer le bon langage pour aborder l’anxiété de performance. «Tous les artistes connaissent ce feeling de faire quelque chose 12 fois dans son salon, et que tout soit différent dès qu’on se retrouve devant quelqu’un. Avec Guillaume, on analyse ces mental games, pourquoi ça arrive et comment donner notre meilleur malgré toute la pression et l’anxiété qui viennent avec la performance en public.» Un outil précieux qu’elle met en pratique dans son travail auprès des chanteurs. 
 

Un métier aux mille chapeaux 

Être pianiste coach, c’est beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait croireIl faut s’intéresser aux rouages de la voix, connaître les œuvres sur le bout de ses doigts, maitriser les styles, la diction, avoir des oreilles de feu, être un appui de chaque instant pour les chanteurs. Un gros travail qui s’effectue en amont pour permettre au produit final de prendre forme sur scène. Et c’est un rôle qu’adore Holly. «J’aime travailler avec les chanteurs, j’ai un grand respect pour eux et pour tout le travail qu’ils font. Ce n’est pas évident, ils se font dire quelque chose par le metteur en scène, autre chose par le chef d’orchestre, par le coach de diction... Je sens qu’à travers tout ça, mon rôle est celui d’une alliée. Avec moi, ils peuvent sentir que quelqu’un les épaule et est de leur côté, en tout temps. C’est très important pour eux, et j’aime être cette personne.» Solide, organisée et passionnée, il est certain qu’Holly inspire confiance et doit se révéler être un atout hors pair pour quiconque a la chance de la côtoyer! 

L’opéra au cœur de sa passion 

Si la feuille de route de la pianiste comprend des concerts de mélodies et de lieder, c’est l’opéra qui la fait réellement vibrer. «Les airs émouvants, ce qui se passe en coulissesle travail colossal que ça représente, c’est extraordinaire! Être en salle de répétition avec le metteur en scène, le chef d’orchestre et les interprètes, pour moi, c’est the best.» Holly espère donc continuer à naviguer dans cet univers qui l’enchante à sa sortie de l’AtelierOffrir des coachings privés fait également partie de ses projets, idéalement dans sa ville d’adoption, bien que tous les chemins restent ouverts et que l’Europe fasse un jour parti des plans. «Pour le moment, je vais rester à Montréal si je peux!»  

Lorsque la saison s’achèvera, un tout nouveau chapitre commencera pour la jeune pianiste, mais sa famille d’adoption ne sera jamais bien loin. «L’Opéra de Montréal va certainement continuer de faire partie de ma vie. Que ce soit dans le cadre de projets ou pour prendre des nouvelles, comme une vraie famille. Mes années à l’Atelier auront probablement été les plus belles années de ma vie!» 

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