Un don exceptionnel de la famille Zhao-Ionescu

Une nouvelle génération de philanthropes

Jamais la culture n’a fait autant parler d’elle qu’en ce moment. Et pour l’Opéra de Montréal comme pour toutes les compagnies artistiques, voir des milliers de citoyens militer pour la pérennité du monde culturel fait chaud au cœur. À ces voix passionnées s’ajoute celle de deux jeunes mécènes montréalais, qui ont décidé d’envoyer un message fort aux philanthropes du Québec. Il y a quelques jours en effet, Vickie Zhao et Alex Ionescu ont octroyé un don de cinq millions de dollars à l’Opéra pour soutenir sa mission artistique.

Le plus important don individuel en soutien à une mission artistique d’un organisme culturel

« La culture fait partie de l’ADN de Montréal, expliquent Vickie et Alex. Elle est le moteur de son développement, de son dynamisme et de son rayonnement partout au Canada et dans le monde. Et elle mérite qu’on la chérisse et qu’on la soutienne, généreusement, durablement. Nous croyons que les grands philanthropes peuvent et doivent jouer ce rôle. Ils sont la solution dans l’équation, un levier essentiel pour relancer l’investissement dans l’art et la création. »

La famille Zhao-Ionescu, qui encourage plusieurs organismes artistiques à Montréal, espère inspirer d’autres mécènes québécois. Pour elle, avant d’être une question d’argent, la philanthropie est une question de volonté et d’audace. « Il faut oser rêver grand, oser formuler des ambitions pour notre ville et oser tendre la main. »

L’histoire d’un coup de foudre entre deux jeunes mécènes et l’Opéra

Elle d’origine chinoise et lui roumaine, Vickie et Alex ont grandi et étudié à Montréal. Ils ont ensuite déménagé aux États-Unis pour le travail, ont habité dans la Silicon Valley, puis à Seattle. Ce qu’ils ont appris de leurs pérégrinations ? Que c’est la capacité d’innover qui rend une société prospère. Et que grâce à la philanthropie, des individus peuvent transformer une communauté et l’aider à s’accomplir, dans tous les domaines.

En 2021, en pleine pandémie, Vickie et Alex rentrent au Québec avec leur jeune fille Olivia pour se rapprocher de leur famille, et mettent tout de suite en application cette ligne de conduite. Ils se rapprochent des grandes institutions artistiques montréalaises, nouent des liens, cherchent à s’impliquer. Et ils ont alors un gros coup de cœur pour l’Opéra de Montréal.

« Lorsque nous étions à San Francisco, nous habitions en face de l’opéra, raconte Vickie. C’est sûr que nous en avons profité pour aller voir pas mal de productions. Mais l’expérience était très conventionnelle, aussi bien sur scène que dans la salle. Là-bas, l’opéra reste un divertissement de luxe réservé à une élite en tuxedo et robe longue... Je ne me suis pas reconnue dans ces soirées, je ne me suis jamais sentie incluse.

À Montréal, nous sommes tout de suite tombés en amour avec l’Opéra, parce ce que cette compagnie est emblématique de l’esprit audacieux et novateur de la métropole, en réinventant l’opéra pour en faire un art actuel; un art qui raconte des histoires nouvelles, qui parlent d’aujourd’hui et de demain; un art qui touche chacun et qui est accessible à tous. »

Rapidement, ces jeunes trentenaires rejoignent la communauté de donateurs de l’Opéra et s’impliquent dans l’organisation. Ils participent à toutes les soirées-bénéfice, rencontrent les artistes, vont applaudir les jeunes talents de l’Atelier lyrique partout où ils se produisent. Subjugués par La Beauté du monde et fascinés par l’approche contemporaine de la compagnie, ils parrainent la création des nouveaux opéras La Reine-garçon, puis Le Phare. Vickie devient membre du conseil d’administration, Alex siège à un comité aviseur. Au nom de l’innovation et de la création, ils s’engagent totalement.

« L’Opéra de Montréal ne se contente pas de préserver la tradition; il repousse les frontières, il est audacieux et il incarne ce que nous sommes en tant que peuple : visionnaires, courageux, déterminés. »

Nos donateurs actuels le savent déjà : la vision artistique audacieuse de l’Opéra de Montréal a un prix, prix qui a considérablement augmenté depuis la crise inflationniste. Tant les coûts de production – qui ont crû de plus de 50 % dans certains cas – que les coûts de création sont aujourd’hui considérables. Le généreux don de la famille Zhao-Ionescu permet à la compagnie de poursuivre sa noble mission : transformer une tradition en un art actuel.

Faire de Montréal une grande capitale culturelle

Les Zhao-Ionescu ne s’en cachent pas. Leur don est à la fois un coup de pouce à une grande institution et un investissement dans l’avenir de Montréal et du Québec. Ils croient, à juste titre, que la culture et la créativité sont les moteurs de toute grande société. Et qu’il faut être à l’avant-garde dans les domaines des arts, de la culture et des idées pour que la province puisse s’affirmer fièrement comme un chef de file mondial.

« Vickie et moi sommes venus au Québec pour construire, créer et faire la différence, affirme Alex. Et croyez-nous, en tant qu’immigrants de Roumanie et de Chine, nous savons ce que signifie partir de zéro. Nous savons combien il faut se battre pour saisir les opportunités et transformer un rêve en réalité. »

« Cette ville et cette province nous ont accueillis et nous ont donné une chance de réussir. Il est temps pour nous de leur rendre la pareille et de façonner un héritage durable. »

Chaque don compte

Lors du lancement de la saison 2025-2026 fin février, les dirigeants de l’Opéra ont annoncé que, pour les cinq prochaines années, Vickie et Alex seraient reconnus comme « mécènes artistiques visionnaires » de l’Opéra de Montréal. Et la direction artistique de la compagnie portera désormais le nom « Famille Zhao-Ionescu ».

Le directeur général, Patrick Corrigan en a aussi profité pour remercier les nombreux donateurs de l’opéra, grands et petits. « Tous les philanthropes ont l’ambition de contribuer à rendre le monde meilleur. Que ce soit avec un don mensuel de cinq dollars ou un soutien annuel de cinq mille dollars, ils ont un impact concret, direct et significatif sur l’avenir de notre opéra et le rayonnement de notre culture... et de notre audace! »

De l’audace, les mélomanes n’en manqueront certainement pas au cours des prochaines saisons. La création multidisciplinaire de la compositrice montréalaise Ana Sokolović, qui prendra l’affiche début 2026, s’annonce déjà comme un grand moment d’opéra. Et plusieurs projets inédits et coproductions internationales ambitieuses sont en gestation pour les années suivantes.