Portrait : Jean-Philippe Mc Clish, baryton-basse

Mode de vie

Par Communications et marketing

04 mai 2021

JEAN-PHILIPPE MC CLISH, BARYTON-BASSE
ATELIER 2019-2021

Texte : Véronique Gauthier
Photos : Marianne Charland

C’est avec une délicieuse bruschetta que le chanteur originaire de Québec nous accueille dans son appartement. « J’ai déjà été sous-chef dans un resto italien », explique-t-il. Entre deux bouchées, Jean-Philippe nous parle de son parcours, depuis son entrée au Conservatoire de Québec jusqu’à sa sortie imminente de l’Atelier lyrique. Portrait d’un jeune homme travaillant guidé par des rencontres déterminantes.

Trouver son chemin par la musique

À l’origine de l’aventure musicale du chanteur, il y a... le désir de plaire à une fille. « Je tripais sur une fille qui chantait, alors je me suis inscrit à des cours de chant. Ma prof m’a dit que j’avais une bonne voix et m’a demandé si j’avais envie d’étudier au Conservatoire. Je ne savais pas trop où je m’en allais dans la vie, alors je me suis dit “chanter de l’opéra et voyager partout dans le monde, pourquoi pas?” Quand j’ai passé l’audition, je ne connaissais même pas le mot solfège. »

L’idylle ne s’est peut-être jamais concrétisée avec l’élue de son cœur, mais il lui doit quand même une fière chandelle: la découverte de la scène lyrique.

Des mains tendues en toute bienveillance

Pendant son baccalauréat au Conservatoire, Jean-Philippe fait la connaissance de celle qui allait devenir une deuxième mère pour lui, sa professeure de chant Jacqueline Cistellini. C’est également entre les murs du Conservatoire qu’il rencontre le pianiste Martin Dubé qui le prend sous son aile, l’amenant jusqu’à New York pour participer à des stages et travailler avec Marlena Malas. « Il est comme un père pour moi. » Michael McMahon, coach qu’il visite régulièrement à Montréal, lui ouvre quant à lui les portes de l’Université McGill. « Quand j’habitais à Québec, je mettais tout mon argent de côté pour prendre le plus de coachings possible avec lui. C’est grâce à Michael si je suis venu faire ma maîtrise et mon diplôme d’artiste à Montréal. Il est beaucoup plus qu’un mentor. C’est devenu un ami. »

Qu’ils soient coachs, mentors ou simplement admirateurs, tous ces gens qui croisent son chemin dès l’instant où il embrasse la carrière le motivent à continuer dans cette voie. « Parfois, quand j’ai des doutes — on a tous des périodes plus difficiles! –, je me rappelle d’où je viens. Et je pense à tous ces gens qui sont à mes côtés depuis le début, des gens qui me suivent et me soutiennent depuis mes études au Conservatoire, qui croient en moi, et je me dis que je ne peux pas lâcher. »

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Jamais deux sans trois

Au terme de ses études, Jean-Philippe tente deux fois sa chance à l’Atelier lyrique, sans succès. « Je suis passé à autre chose et j’ai travaillé à temps plein pour économiser et partir en Europe. » C’est Marie-Ève Scarfone, qui est alors cheffe de chant principale à l’Atelier, qui le convainc de participer aux auditions à nouveau. Preuve qu’on ne doit jamais baisser les bras devant les démarches infructueuses: la troisième tentative s’avère être la bonne, et il intègre l’institution en 2019.

Au-delà des liens professionnels

Jean-Philippe mesure toute la chance que lui offre l’Atelier lyrique de faire de magnifiques rencontres. Des rencontres artistiques, mais surtout des rencontres humaines. À commencer par l’équipe de l’Atelier et de l’Opéra de Montréal.

« Tout le monde est chaleureux et accueillant. L’année dernière, je mangeais tous les midis avec Michel [Beaulac], Catherine [Levac] et Chantal [Lambert], et on avait vraiment beaucoup de plaisir. C’est quelque chose qui me manque avec la COVID, même si je sais que je peux appeler Chantal n’importe quand pour lui parler de n’importe quoi. C’est un peu comme une maman, elle est toujours là pour nous. »

Depuis quelques années, l’Atelier lyrique propose également un système de parrainage qui consiste à jumeler chaque jeune artiste en résidence à un donateur. C’est par ce programme que le Dr François Loubert entre dans la vie de l’attachant baryton-basse. « On a développé une très belle relation: je connais sa famille, on joue aux échecs en ligne ensemble, je parle avec ses enfants en vidéoconférence, je donne parfois des concerts à leur chalet et j’y passe la fin de semaine. On n’est pas du tout dans une dynamique de mécène-protégé. Je crois bien que je vais rester en contact avec lui toute ma vie! »

Des expériences mémorables

Parmi les nombreuses opportunités offertes par l’Atelier, Jean-Philippe en souligne plusieurs qui l’ont particulièrement marqué. De sa collaboration avec Nicolas Ellis et l’Orchestre Métropolitain jusqu’à sa participation à la production de Fidelio dirigée par Yannick Nézet-Séguin, qui lui permet de côtoyer Luca Pisaroni, un chanteur qu’il admire beaucoup, il savoure chaque expérience et en tire tous les enseignements qu’il peut. Il apprend également beaucoup au contact du neuropsychologue Guillaume Dulude, qui a été d’un grand recours pendant la période de confinement.

La pandémie : un temps précieux pour se recentrer

Ce qui s’annonçait pour être la plus belle année de sa vie, selon les dires du chanteur — une année chargée de concerts, de productions et d’auditions - bascule du tout au tout à cause des contraintes liées à la pandémie. Ce qui, au final, s’avère bénéfique. « C’est une occasion qui ne se représentera plus jamais dans ma vie: prendre un an pour me recentrer sur moi et travailler ma technique. » Son professeur de chant, Daniel Okulitch, lui donne des cours à distance. « Ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler avec un homme qui a une voix un peu similaire à la mienne et auquel je peux m’identifier. Ça a été une découverte! C’est le jour et la nuit depuis que je travaille avec lui. Et je n’aurais peut-être pas eu cette chance sans la COVID. »

Il profite également de son temps libre pour plonger dans la lecture. Technique vocale, diction italienne, lied allemand, Schubert, Mozart… Tout l’intéresse. « C’est super inspirant! Après, quand j’interprète une pièce, je comprends d’où viennent les choses. »

S’installer dans les vieux pays

Si les conditions sanitaires le permettent, le baryton-basse s’envolera pour l’Europe cet été. « Je vais chanter au Festival de Verbier en Suisse, puis rejoindre le chef d’orchestre Fabrizio Ventura, que j’ai rencontré sur la production Lucia di Lammermoor à l’Opéra de Montréal, pour travailler avec lui pendant deux semaines le rôle de Figaro à Bienne. J’aimerais ensuite m’installer en Allemagne. » Seule ombre au tableau: la suspension des visas accordés par le gouvernement. « Je reste à l’affût de l’évolution de la situation. Disons que mon plan se construit au fur et à mesure! »

Pourquoi l’Europe l’attire-t-il autant? « Chaque fois que j’y mets les pieds, je suis vraiment heureux. Tout est beau là-bas, l’architecture est magnifique. Même la musique est différente. » Grand adepte des époques baroque et classique, plus d’avenues semblent se dessiner pour le chanteur de l’autre côté de l’océan. « Si je travaille un air de Gluck ici, on va me dire “mais où vas-tu bien pouvoir chanter ça?” C’est moins standard pour les maisons d’opéra de monter ce genre de répertoire en Amérique du Nord. » Mais au final, tout ce que souhaite Jean-Philippe, c’est chanter des choses qu’il aime et dans lesquelles il se sent bien, peu importe lesquelles.

Ce n’est qu’un au revoir

En s’apprêtant à quitter le giron de l’Atelier lyrique, le chanteur dit au revoir à une véritable famille. « C’est certain que si on m’engage pour venir chanter à l’Opéra de Montréal, je vais avoir l’impression de rentrer à la maison. C’est chez moi ici! »

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