Etienne Dupuis et Nicole Car : se retrouver en famille à l’Opéra de Montréal

Actualités lyriques

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09 septembre 2022

Texte : Véronique Gauthier
Photos : Tam Photography

Le duo chéri de la musique lyrique est de retour sur les planches de l’Opéra de Montréal pour nous en mettre plein la vue et les oreilles lors des représentations de l’opéra Il Trovatore de Verdi. Dans le cadre de cette production, le baryton Etienne Dupuis et la soprano Nicole Car effectuent tous deux une prise de rôle aux côtés d’une flamboyante distribution presque exclusivement canadienne. 

Comment se passe ce retour « à la maison » pour le couple à l’esprit de famille bien ancré? On en discute avec les deux artistes infiniment talentueux, accessibles et authentiques, dont la complicité tangible et rafraîchissante transcende la scène.

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Une œuvre qui tombe à point

Lorsque le directeur artistique Michel Beaulac approche le couple pour lui demander quel opéra il souhaiterait venir chanter à Montréal, Nicole Car ne fait ni une ni deux. Avec une feuille de route déjà bien garnie de rôles costauds et exigeants, la soprano d’origine australienne rêve de plonger dans la partition de Leonora, personnage central de l’opéra du jeune Verdi. 

« J’avais déjà chanté les airs d’Il Trovatore lorsque j’étais plus jeune, j’ai même gagné une compétition avec le 2e air de Leonora. Qui pense être capable de faire ça à 21 ans? Moi, apparemment! », raconte la soprano en riant. « Je savais que ça tomberait parfaitement dans ma voix en ce moment. Le bel canto de cette époque de Verdi est absolument incroyable. Il me permet de rester dans le médium de la voix, tout en ayant des coloratures. À 36 ans, avec la technique que j’ai, je me sens prête pour chanter le rôle. »

Son amoureux renchérit: « Des sopranos qui ont un médium chaud et charnu, avec une agilité vocale et qui savent jouer, il n’y en a pas beaucoup! C’est une excellente porte d’entrée pour elle vers une autre catégorie de rôles. » De son côté, si le baryton est plutôt hésitant au départ à endosser les habits du comte de Luna, il ne met pas de temps à se laisser convaincre. « Je lui ai dit que si le baryton était bon, c’était lui qui gagnait la soirée. Et il a accepté! », le taquine affectueusement sa douce. 

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Des retrouvailles en famille

Une prise de rôle, ça demeure toujours une expérience excitante, même avec des années de métier derrière la cravate. Le faire en territoire connu, auprès de collègues bienveillants, c’est une réelle partie de plaisir. « Je me considère comme une Canadienne d’adoption», affirme Nicole. «On est en famille ici, avec la distribution, Jacques Lacombe à la direction, Michel-Maxime à la mise en scène, toute l’équipe. Ça enlève une énorme pression et ce n’est que du bonheur! » « J’ai grandi avec cette compagnie-là », ajoute Etienne. « Je reconnais la salle, je connais le public et j’adore ça. »

C’est d’ailleurs en famille que les chanteurs installés à Paris ont atterri à Montréal, accompagnés de leur petit Noah, pour l’une des dernières fois de la saison. « Contrairement à ce qu’on a fait les dernières années, à cause de l’école, on a décidé qu’un de nous deux resterait à la maison pendant que l’autre serait à l’extérieur pour un contrat. De cette façon, on peut tous les deux à la fois profiter de la carrière et de la famille, ce qui est très important pour nous. » 

Présenter un classique: toujours d’actualité?

Il Trovatore est le premier opéra auquel Etienne Dupuis a assisté dans sa vie et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’en garde pas un souvenir des plus mémorables. « À l’époque, j’avais 17 ans, j’étudiais en piano jazz et je me demandais si j’allais faire le saut en chant classique. J’étais venu à l’Opéra de Montréal pour voir ça avait l’air de quoi, et j’avais trouvé ça tellement plate! Les décors en carton-pâte, les chanteurs qui se plantent en avant pour livrer leur air… Leonora était ennuyeuse et je ne comprenais pas pourquoi elle se tuait pour cet homme-là. » 

Heureusement pour nous, l’expérience ne l’a pas freiné dans ses ambitions lyriques, et le voilà maintenant prêt à faire mentir sa première impression d’Il Trovatore!

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Le jeu scénique: une dimension à ne pas négliger

À la veille de la présenter sur scène, son avis sur l’œuvre a-t-il changé? « Je pense que ça dépend beaucoup de la façon dont c’est livré. C’est une histoire très complexe, et si on ignore une partie de l’intrigue dans l’interprétation, ce n’est pas intéressant », répond-il. En matière de qualité d’interprétation, le public sera servi, les deux artistes étant reconnus pour s’investir à fond dans leurs personnages. 

« C’est important de garder en tête ce qui habite notre personnage tout au long de son parcours dans l’opéra », explique le baryton. « Il faut qu’il y ait un fil dans son évolution, sinon ce ne sont que des airs plaqués. Et Nicole a un très fort instinct d’actrice, son jeu est très naturel. Elle entre sur scène, tu vois tout de suite le personnage. Sans que ce soit surligné ou artificiel. »

Comprendre notre réalité en revisitant les classiques 

Pour le baryton, assister à un classique permet de nous ouvrir les yeux sur notre réalité actuelle. « Est-ce qu’on fait réellement les choses différemment maintenant qu’à l’époque? », se questionne Etienne Dupuis. « Est-ce qu’on n’insulte pas quelqu’un qu’on ne connaît pas sur les réseaux sociaux, juste parce qu’il a émis une opinion contraire à la nôtre? Faut se le montrer parfois que la roue tourne et qu’on n’a pas changé. » 

Se préparer à sa soirée à l’opéra

Pour profiter encore plus de sa soirée, le baryton recommande au public de faire quelques recherches avant de se présenter en salle. « Lisez sur l’histoire, allez sur internet et écoutez des extraits de l’opéra. C’est tellement agréable de reconnaître des airs qu’on a déjà entendus! » 

Ne vous reste plus qu’à vous asseoir, regarder le rideau se lever et laisser la magie opérer, guidée de main de maître par ces deux artistes d’exception. 

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