Jacques Lacombe : drame et virtuosité à l’opéra

Actualités lyriques

Par Communications et marketing

15 novembre 2024

Texte : Véronique Gauthier

Depuis la pièce de Shakespeare jusqu’à ses multiples adaptations, Hamlet s’est imposé comme un véritable mythe fondateur de notre civilisation. Quelle tirade peut se vanter d’être aussi connue que le fameux « Être ou ne pas être » déclamé par un Hamlet troublé? L’adaptation du récit à l’opéra, dont Ambroise Thomas signe la musique, s’apprête à prendre vie pour la toute première fois sur la scène Wilfrid-Pelletier. Sous la direction du chef d’orchestre Jacques Lacombe, drames, guerres de pouvoir et moments de grâce promettent d’être au rendez-vous!

Une équipe complice et complémentaire

Du Royal Opera House au Deutsche Oper de Berlin en passant par l’Opéra de Monte Carlo, Jacques Lacombe cumule une impressionnante feuille de route en matière de productions lyriques. Mais c’est à Montréal, en 1993, qu’il a dirigé sa toute première production professionnelle. « J’ai toujours été fidèle aux gens qui m’ont donné mes premières chances et l’Opéra de Montréal ne fait pas exception. J’ai un attachement sentimental avec la compagnie. Alain Gauthier, le metteur en scène d’Hamlet, était assistant à la régie pour l’un des premiers opéras que j’ai dirigés et je travaille avec la pianiste Esther Gonthier depuis ce temps aussi. C’est comme se retrouver en famille. Le fait de se connaître, ça apporte une complicité et une complémentarité dans notre travail. »

La collaboration fluide est d’autant plus précieuse qu’un des grands plaisirs que retire Jacques Lacombe de son travail à l’opéra réside dans l’échange des idées et la mise en commun des différentes visions. « La musique et la mise en scène sont au service l’une de l’autre. On essaie de trouver ensemble les meilleures solutions pour bien servir l'œuvre. Musicalement, mon interprétation est teintée des idées qu’Alain émet à la mise en scène et des caractéristiques vocales des interprètes avec lesquels je travaille. »

Avec une partition aussi difficile et exigeante entre les mains, le travail collaboratif avec les interprètes est également essentiel. « Mon rôle, c’est de les placer dans le meilleur contexte pour qu’ils puissent performer à leur meilleur. Les interprètes ont leur place pour exprimer leur conception et leur perception de leur rôle. Après, c’est à moi de faire en sorte que chacune de ces contributions donne un tout unifié. »

Une référence pour les artistes en prise de rôle

Pour une des rares fois de sa carrière, Jacques Lacombe dirige des interprètes qui sont tous en prise de rôle. Son expérience acquise en France se révèle être un grand atout alors qu’il se retrouve à faire office de référence au sein de l’équipe.

« Ça me permet de soutenir la distribution dans son travail. Les chanteurs et chanteuses préparent leur rôle avec piano, mais chanter avec piano et avec orchestre, ce n’est pas la même chose. En ayant déjà travaillé l'œuvre, je peux les aider à cerner certaines problématiques qu’ils pourraient rencontrer et les guider vers des solutions. »

Le travail raffiné d’Ambroise Thomas

Étrangement, certaines œuvres lyriques deviennent des classiques, alors que d’autres, non, sans qu’on puisse nécessairement expliquer pourquoi. Hamlet est certainement l’un de ces opéras qui mériteraient d’en porter le titre et d’être plus régulièrement portés sur les planches. Pour sa part, Jacques Lacombe a eu un véritable coup de foudre pour l'œuvre lorsqu’il l’a dirigée pour la première fois en 2022, à l’Opéra de Saint-Etienne.

« Il y a des moments absolument magnifiques dans la partition. La scène de l’apparition du spectre, par exemple, est très puissante à la fois sur le plan musical et sur le plan dramatique. La scène de la folie, spectaculaire, est devenue une pièce d’anthologie pour les sopranos », affirme le chef d’orchestre. « Je suis assez fier et admiratif que l’Opéra de Montréal ait décidé de se lancer dans l’aventure et de faire découvrir cette œuvre au public de Montréal. »

Pour le chef d’orchestre, il n’y a aucun doute : Thomas avait un sens très aigu du théâtre et du drame. Pourquoi? « Tous les récitatifs, par exemple, sont très précisément écrits. On voit qu’il a réfléchi à chaque détail, ce qui fait que pour les interprètes, ce sont des moments extrêmement exigeants. Les intentions et le timing doivent être absolument parfaits pour que la scène fonctionne. Dans toute la partition, il y a également beaucoup d’indications de nuance, de tempo et d’articulation. »

Le travail très raffiné de l’orchestration ainsi que l’intégration du saxophone, instrument rarement entendu à l’orchestre, confirment cette maîtrise de la théâtralité chez le compositeur. « Comme le timbre du saxophone est inhabituel pour l’oreille du public dans ce contexte, ça ajoute une couleur très particulière qui pourrait évoquer l’intégration d’un autre monde, de l’étrange, du mystère, de l’au-delà, qui sont très présents dans Hamlet. »

Des thèmes intemporels

De quelle façon une œuvre datant du 17e siècle peut-elle encore résonner auprès du public? « Hamlet fait partie de ces grandes œuvres qui traitent de questions qui n’ont pas de date : être ou ne pas être, la réflexion sur la mort, le désir du pouvoir, les guerres de pouvoir, la vengeance. C’est encore très actuel. »

Ne reste plus maintenant au public qu’à prendre place dans la salle et attendre le lever du rideau. Que vous connaissiez ou non votre Shakespeare sur le bout de vos doigts, vous gagnerez à aborder cet opéra comme un nouvel objet artistique, différent et autonome de la pièce originale. Le charme pourra alors opérer et vous serez happés par l’histoire, les personnages magnifiquement complexes, la grande beauté de la musique et la virtuosité des solistes!

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