Portrait Sydney Frodsham, contralto

Mode de vie

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01 juin 2023

sydney frodsham, contraltO
ATELIER LYRIQUE 2020-2023

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Marianne Charland

Native du Texas aux États-Unis, la contralto Sydney Frodsham débarque à Montréal pour débuter son aventure à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal en 2020, en pleine pandémie. Trois ans plus tard, c’est une artiste confiante et bien ancrée dans sa ville d’adoption qui prend son envol pour la vie professionnelle.

Quels défis cette chanteuse née a-t-elle rencontrés au courant de son parcours, et qu’a-t-elle trouvé au sein de cette famille lyrique qu’elle s’est créée au cours des dernières années? On revient avec elle sur son passage dans le milieu bienveillant et accueillant qu’est l’Opéra de Montréal.

Destinée à chanter

C’est dans une famille de non-musiciens que Sydney voit le jour il y a 26 ans au Texas, ses deux parents d’origine canadienne s’étant établis chez nos voisins du Sud pour le travail. Très rapidement, le talent musical de la jeune fille cherche à s’exprimer.

« Ma mère dit que j’ai commencé à chanter à 18 mois. Je chantais tout le temps, n’importe où, en toutes circonstances. Pendant un rendez-vous médical de routine, la médecin m’a entendue et a dit à ma mère qu’elle croyait que j’avais l’oreille absolue. Ma mère m’a donc inscrite à des cours d’éveil musical très jeune. J’ai appris le piano, la harpe, et j’ai commencé à suivre des cours de chant à l’âge de 8 ans. Je n’ai jamais arrêté depuis! »

Voyant leur fille baigner dans la musique avec bonheur et aisance, ses parents l’encouragent dans la poursuite de cette voie qui lui semble toute tracée: faire de sa passion pour le chant une carrière. Ils lui payent ses leçons et sa mère la soutient lorsque les moments de doute surviennent. Parce que même si chanter est la chose qu’elle préfère le plus au monde, la chanteuse n’est pas exempte de certaines remises en question. « Ma mère a toujours été à mes côtés et elle a toujours cru en moi. »

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Du Texas à Montréal

Après un baccalauréat en chant à la Southern Methodist University à Dallas et une maîtrise à la Brigham Young University au Utah, Sydney s’inscrit à des auditions pour intégrer un programme pour jeunes artistes. Comme elle possède une double citoyenneté, elle a accès aux programmes américains tout comme aux programmes canadiens.

C’est là que Montréal se présente sur sa route. « Jamais je n’aurais pensé y habiter un jour. Mais quand j’ai fait des recherches et regardé le site Web de l’Atelier lyrique, j’ai tout de suite été inspirée par ce que j’y lisais et ce qui s’en dégageait. J’avais l’impression que j’y serais bien. Et pour apprendre une nouvelle langue, il n’y a rien de mieux que l’immersion! »

Coup de coeur instantané

Ce pressentiment se confirme lors des auditions nationales qui se tiennent pendant quelques jours à Montréal. « J’ai vraiment aimé l’ambiance, tout le monde était gentil, bienveillant, et je me suis dit “ce serait merveilleux si je pouvais venir ici!”. »

Dès le lendemain des auditions, alors que l’aspirante jeune artiste sort de l’avion pour rentrer chez elle, son téléphone sonne. « C’était Chantal [Lambert] qui me disait qu’elle aimerait que je me joigne à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Je n’ai pas hésité, j’ai tout de suite accepté et j’ai annulé toutes les auditions pour d’autres programmes que j’avais à l’agenda! »

Nouvelle culture, nouvelle langue, nouvelle tessiture: des défis à surmonter

Lorsqu’elle s’installe dans la métropole québécoise, Sydney doit s’adapter à une toute nouvelle culture, un nouveau pays et une nouvelle langue qu’elle ne parle pas du tout. Tout un défi, d’autant plus que les mesures sanitaires interdisent alors tout contact, ce qui ne facilite pas les choses.

Préparer le rôle de La mère dans la création Le Flambeau de la nuit représente une pierre d’assise importante dans son début de parcours à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, tant pour le rôle et l’histoire qui la poussent à grandir comme artiste que pour le travail en français que ça lui demande.

« L’opéra a été présenté pendant ma deuxième année, mais j’ai travaillé le rôle dès ma première année. À chaque coaching, je sentais que je ne maîtrisais pas suffisamment la langue pour entendre toutes les subtilités requises. Pour moi, il n’y avait pas de différence entre le bon son à produire et celui qui ne fonctionnait pas! »

C’est également à l’Atelier lyrique, sous la tutelle de la professeure de chant Ariane Girard, que la mezzo-soprano change de tessiture pour devenir contralto. « Je sens que c’est en travaillant avec Ariane que j’ai réellement appris comment chanter. Mon évolution avec elle au cours des trois dernières années a fait de moi la chanteuse que je suis aujourd’hui, et je ne peux pas imaginer que je serais au même endroit sans ses conseils et son enseignement. »

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Un modèle positif de programme pour jeunes artistes

Sydney n’a que de bons mots pour décrire son expérience à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal.

« J’espérais trouver un endroit qui me valoriserait et m’aiderait à progresser en tant que musicienne, et c’est exactement ce que j’ai trouvé. L’Atelier est accueillant, encourageant et tient compte des êtres dans leur entièreté. C’est un lieu nourrissant et épanouissant qui soutient et accompagne chaque artiste dans son évolution, en reconnaissant le parcours musical unique de chacun. J’ai appris à me connaître au cours de mes années ici, je sais davantage qui je suis comme artiste et j’ai plus confiance en moi. »

Pour la jeune femme, c’est une chance d’avoir évolué au sein d’un tel programme. « Quand je pense à ce que devrait être un programme pour jeunes artistes, je pense à un endroit où on peut apprendre et grandir en se permettant d’être vulnérable et en se donnant le droit à l’erreur. C’est correct d’essayer et de se tromper sans essayer d’impressionner tout le monde. Et c’est exactement ce qu’on retrouve à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. »

Opéra, concours et enseignement

Qu’est-ce qui attend la jeune contralto pour la suite? « Je me suis inscrite à des concours internationaux, et comme je ne suis pas une fille de nature compétitive, ça me demande beaucoup! Je serai également de la distribution du Couronnement de Poppée présenté par l’Atelier lyrique l’an prochain, j’ai un concert de prévu avec Christopher Gaudreault et j’ai certains projets que je ne peux pas encore annoncer. Je vais également continuer d’enseigner. »

Celle dont la voix se marie admirablement à Saint-Saëns (elle prend plaisir à se glisser dans la peau de Dalila) rêve aussi d’interpréter sur scène le personnage de Lorca dans Ainadamar de Golijov, rôle qu’elle a travaillé en tant que doublure la saison dernière à l’Opéra de Montréal. « Je pense qu’il convient parfaitement à ma voix en ce moment. J’aime aussi chanter du baroque et des Art Songs anglaises ou américaines. »

Étant dorénavant à la maison à Montréal, la chanteuse compte y rester au moins pour la prochaine année. « Je caressais le projet d’aller en Europe, mais je sens que ce n’est pas encore le bon moment. Je suis heureuse de rester ici! Je suis arrivée en ne connaissant personne et maintenant j’ai des amis, la communauté de Montréal est vraiment belle et c’est une ville qui aura toujours une place très spéciale dans mon cœur. »

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