Portrait : Elizabeth Polese

Actualités lyriques

Par

23 avril 2020

Elizabeth Polese, soprano
Atelier 2018-2020

Texte : Véronique Gauthier
Photos : Marianne Charland

C’est accompagnée de son mari Jesse et de leur chienne Darcy que la soprano s’est installée à Montréal à l’automne 2018 pour débuter son aventure à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Toute la petite famille a fait la route depuis Toronto pour poser ses pénates dans une ville qu’ils ont rapidement adoptée.
 

PRENDRE DU RECUL POUR MIEUX AVANCER

À l’âge de 6 ans, l’enthousiasme pour le chant de la petite Elizabeth ne passe pas inaperçu en classe. Si bien que sa professeure refile à sa mère un dépliant sur le Toronto Children’s Chorus en l’encourageant fortement à l’y inscrire. Aussitôt dit, aussitôt fait, et voilà que la jeune enfant met le pied dans l’engrenage de la musique classique. « J’y ai tout appris. Toutes mes bases musicales me viennent de là. » Quelques leçons de piano et de chant plus tard, elle touche au théâtre musical, puis au chant classique. C’est le coup de foudre. « À partir du moment où j’ai goûté à l’opéra, je n’ai plus voulu faire que ça ! »
 

Après ses études à l’Université de Toronto, elle prend une pause avant de poursuivre plus activement ses ambitions. L’enseignement prend alors une grande place dans sa vie, elle fait quelques stages et se marie. « J’avais besoin de vivre des expériences et de travailler avant de me consacrer à la musique. Ça m’a permis de m’ancrer et de trouver un bon équilibre dans ma vie. J’aime croire que je suis quelqu’un de groundé. » C’est en faisant un stage à la Rebanks Family Fellowship à la Glenn Gould School qu’elle réalise qu’elle se sent prête à aller de l’avant. « J’aime chanter et je ne peux pas m’imaginer faire autre chose. C’était le moment ou jamais ! » L’Atelier apparait alors comme l’option la plus logique et évidente pour la chanteuse. « Je connaissais d’autres chanteurs qui y avaient été en résidence. J’avais vu le progrès qu’ils avaient fait, et à quel point ils en étaient sortis heureux. Je sentais que j’y serais à la bonne place. »

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Un aCCUEIL PERSONNALISÉ

Que ce soit de l’opéra, de la musique de chambre, de la mélodie, de la musique contemporaine ou des oratorios, Elizabeth est friande de Musique avec un grand M et a soif de toucher à tout. C’est d’ailleurs ce qu’elle a exprimé à Chantal Lambert et Marie-Eve Scarfone dès son arrivée à leurs bureaux. « Je leur ai dit “donnez-moi de la musique, faites-moi chanter, je veux tout faire !” J’ai envie d’être une musicienne entière et accomplie. Pas seulement une chanteuse d’opéra, même si j’adore ça. Pour moi, l’idée de chanter en récital, c’est juste le summum ! » L’Atelier l’a immédiatement soutenue et lui a donné la chance de participer à divers projets aussi différents les uns que les autres. « Ils veulent vraiment ce qui est le mieux pour nous. Ils prennent chaque artiste et se demandent comment ils peuvent l’amener plus loin, à partir de ce qu’il est. Leur approche est de mettre en lumière le meilleur de chacun, et de l’aider à se construire en lui fournissant les outils et le soutien nécessaires. »
 

L’environnement de l’Opéra de Montréal favorise grandement cet épanouissement. Les locaux de l’Atelier étant physiquement intégrés à l’Opéra, tout le monde se connait et les relations sont cordiales. « Que ce soit Patrick [Corrigan] ou Michel [Beaulac], tout le monde est prêt à nous aider, à répondre à nos questions, à nous référer aux bonnes personnes. Je connais la personne qui signe mes chèques, je connais les personnes du département de marketing. Ça crée un bel esprit de communauté. Comme jeune artiste, ça fait du bien de se sentir entourée. »

 
Des RENCONTRES ET DES OPPORTUNITÉS EN OR 

En plus du travail vocal, du sport et du réseautage, une partie de la formation à l’Atelier est consacrée à la psychologie de performance. « Travailler avec Guillaume Dulude a été pour moi une révélation. Ça m’a autant servi dans ma vie personnelle que dans ma vie professionnelle, et ça m’a aidée à faire le pont entre les deux. Le travail que je fais sur ma confiance en moi dans la vie de tous les jours affecte directement la musicienne que je suis. » Sa rencontre avec Ariane Girard, sa professeure de chant, a aussi été déterminante. « C’est une personne très empathique. Elle a tout de suite compris ma voix et a su comment m’enligner. »
 

En décembre dernier, le talent de la soprano a pu briller avec l’Orchestre et le Chœur Métropolitain dans la Messe en ré majeur de Dvorak, Rejoice in the Lamb de Britten et des cantiques de Noël sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. « Je n’ai jamais été aussi nerveuse de chanter des Christmas carols ! (rires) »
 

L’adepte de musique contemporaine a été bien servie avec la partition complexe de Written on Skin de George Benjamin. « Dès que j’ai su que l’opéra allait être monté, je me suis dit que je devais absolument en faire partie. » Elle s’est donc elle-même proposée pour étudier le rôle d’Agnès. « Magali [Simard-Galdès] est tout simplement incroyable. L’observer a été très formateur, c’est une musicienne géniale et une interprète d’exception. J’ai été très heureuse aussi de travailler avec Nicole Paiement comme cheffe d’orchestre. Travailler avec des femmes à l’opéra est important pour moi. » Celle qui se disait « incapable de chanter du bel canto » a aussi pu affronter ses insécurités en vivant un superbe moment dans le cadre du Cabaret Bel Canto en collaboration avec l’Orchestre de l’Agora. « Le projet m’a appris énormément sur ma voix, ma confiance, mes capacités. Finalement j’ai eu beaucoup de plaisir ! Et je pense que j’ai vraiment fait du bon travail. » En revêtant les costumes de Papagena dans la prochaine production de l’Opéra de Montréal, La flûte enchantée de Mozart, Elizabeth joindra une production qu’elle admire depuis longtemps. « Je la regarde sur Youtube depuis cinq ans, je suis très excitée d’y prendre part ! » [NDLR : L’entrevue a eu lieu avant la crise relative au Covid-19, obligeant l’annulation de tous les évènements artistiques.]

 
UN AVENIR REMPLI DE POSSIBLES

Bien qu’elle n’ait pas de plan de carrière défini, celle qui rêve de chanter The Rake’s Progress de Stravinsky sait ce qu’elle souhaite pour sa sortie de l’Atelier. « Je veux travailler avec des gens qui aiment profondément la musique, qui sont curieux et qui veulent se dépasser. Je veux continuer de toucher à tout ! Et conserver cet équilibre entre ma vie personnelle et professionnelle qui est essentiel pour moi. » Pour la prochaine année, son ancrage demeurera à Montréal. « Mon amoureux y a maintenant un emploi, la qualité de vie est incroyable, et il y a plein de parcs à chiens dans le quartier. » C’est Darcy qui doit être contente ! En restant à proximité de l’Atelier, Elizabeth sait qu’elle pourra compter sur la porte ouverte de Chantal et Marie-Ève. « J’ai une très bonne relation avec elles, je pourrai toujours aller les voir pour des conseils ou de l’inspiration. Je sais qu’en terminant ma résidence, ce ne sera pas la fin. »


Suivez le parcours professionnel d'Elizabeth sur sa page Facebook ici.

 

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