L'Enfant et les Sortilèges : le retour de Lucie St-Martin à l'Opéra de Montréal

Actualités lyriques

Par Communications et marketing

29 janvier 2025

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Ludovic Rolland-Marcotte

Deux ans après sa sortie de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, la soprano Lucie St-Martin s’apprête à renouer avec le personnage de l’Enfant dans l’opéra L’Enfant et les Sortilèges de Ravel sur les planches du Théâtre Maisonneuve. Des retrouvailles qui enchantent au plus haut point l’artiste à l’enthousiasme contagieux et au remarquable charisme scénique.

Un doux retour au bercail

Depuis la fin de sa résidence comme jeune artiste, Lucie n’a pas chômé. Programme pour jeunes artistes de Opera on the Avalon, La Voix humaine de Poulenc avec les Jeunesses musicales Canada, lauréate des Jeunes Ambassadeurs lyriques : les aventures se sont succédé en parfaite cohérence avec ce qui l’allume comme interprète, c’est-à-dire la théâtralité et les partitions brillamment ficelées. Comment vit-elle son retour à l’Opéra de Montréal, institution qui l’a vue grandir, se découvrir et s’épanouir en tant que chanteuse?

« Retrouver tout le monde, le metteur en scène, le chef d’orchestre, la gang du costumier, les chanteurs et chanteuses que je connais bien, dîner avec les gens au bureau, c’est cliché de dire que je retrouve une famille, mais dans ce cas-ci, ce n’est pas exagéré. J’ai passé trois ans de ma vie ici pratiquement tous les jours et je ne suis presque pas revenue depuis un an et demi. Le matin de la première répétition, je suis arrivée comme un bébé Labrador, trop contente de revoir tout le monde! »

Non seulement la soprano retrouve-t-elle son alma mater, mais elle renoue également avec un personnage et une production qui avait marqué de belle façon son parcours à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. « Quand j’ai su qu’on refaisait L’Enfant et les Sortilèges, je pense que j’ai crié. J’étais tellement contente de retrouver ce personnage, de pouvoir le pousser plus loin, ajouter des couches à mon interprétation et me permettre de prendre des risques. Pour cette production-ci, j’essaie consciemment de faire des choix qui sont nouveaux, pour éviter de rester dans ma zone de confort. »

Renouer avec son enfant intérieur

Où puise-t-elle son inspiration pour arriver à se glisser dans la peau d’un enfant avec justesse? « L’Enfant, c’est un mélange de mes deux neveux. J’ai d’ailleurs profité du temps des Fêtes pour les observer du coin de l’œil… J’essayais de voir comment ils bougent, comment ils parlent, comment est leur regard. Je trouve qu’un des dangers de jouer un enfant quand on est adulte, c’est de tenter de l’imiter de manière superficielle, de le caricaturer en grossissant des traits un peu clichés. »

Pour éviter de tomber dans le piège, Lucie tente également de retrouver à l’intérieur d’elle-même l’enfant qu’elle était. « Une des choses qui me revient de cet âge est que je me disais souvent “mais pourquoi est-ce que les adultes me parlent de cette façon? Arrêtez!” Je me disais qu’une fois adulte, j’éviterais moi-même de m’adresser à eux de cette façon un peu infantilisante. C’est important pour moi de ne pas reproduire ce que je n’aimais pas. J’essaie donc de rendre cet enfant-là le plus réel possible. »

Un univers à la fois réel et fantaisiste

Loin de certains stéréotypes pouvant être associés aux spectacles pour enfants (une histoire cousue de fil blanc, le gentil en rose, le méchant en noir), L’Enfant et les Sortièges touche une réalité propre à l’imaginaire qui habite l’enfance. « On ne donne pas de licornes et de rose bonbon au public. On est dans une histoire originale et un peu étrange qui, pour l’enfant très créative que j’étais, est aussi très réelle. Je peux facilement imaginer petite Lucie voir une bouilloire prendre vie et entendre un arbre parler. On n’est pas loin du monde fantaisiste que je pouvais créer dans ma tête d’enfant. »

La transposition lyrique de ce monde est parfaitement servie par la musique complexe que signe Ravel et le texte de Colette. « On retrouve un grand éventail de couleurs. Le compositeur est allé puiser dans différents modes et différents styles, même dans le jazz. La musique contient beaucoup de détails, des accents, des silences. C’est un véritable travail de finesse et tout est tellement cohérent avec la prosodie et les intentions! Quand tout le monde respecte la précision de la partition, la magie opère. C’est très mathématique et ça demande beaucoup de concentration. Une partie de mon cerveau reste hyper concentrée avec le chef, mais il ne faut pas que ça paraisse! »

Que la magie opère!

Lors des représentations, Lucie souhaite aux spectateurs et spectatrices de se laisser emporter par la magie pendant les 90 minutes du programme double (L’Enfant et les sortilèges étant précédé de la création Le Phare, signée Laurence Jobidon et Maria Reva), de s’y perdre et de décrocher complètement du quotidien. « Je leur souhaite des moments d’émerveillement et de rire. Des “moments frissons”, hors du temps. L’équipe est fantastique, l’énergie est bonne, et je crois que ça se traduira par un spectacle d’une grande beauté. C’est du moins ce que je tente de partager et de faire vivre aux gens dans la salle! »

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