Portrait : Spencer Britten

Actualités lyriques

Par

20 avril 2020

Spencer Britten, Ténor
Atelier 2018-2020

Texte : Véronique Gauthier
Photos : Marianne Charland

C’est dans un studio ensoleillé de l’Atelier lyrique que nous faisons la connaissance du jeune ténor rossinien originaire de Vancouver. « J’habite un appartement meublé où rien n’est à moi. Ce divan me ressemble beaucoup plus ! Je vis ici. (rires) » Danseur et chanteur lyrique, il est à Montréal depuis deux ans pour faire ce qu’il aime le plus au monde, être sur scène.
 

De la comédie musicale à l’opéra

Enfant très actif tant au niveau des arts que du sport, Spencer suit des cours de danse dès l’âge de 6 ans et fait partie d’un chœur très jeune. « Je chantais tout le temps à la maison, je faisais tellement de bruit que mes parents se sont dit que la meilleure chose à faire, c’était de m’y inscrire ! Je n’ai jamais arrêté de danser et de chanter depuis. »
 

Tout le prédestine à une carrière sur Broadway. Mais un nouveau professeur de chant croise son chemin et le guide presqu’à son insu vers du répertoire plus lyrique. « Elle me disait oh, tu devrais essayer cette mélodie, ou cet air d’opéra, juste pour voir, il me semble que ça irait bien avec ta voix. Moi j’embarquais tout de suite, je me disais ok, je vais essayer, pourquoi pas ! Et sans que je m’en rende compte, j’ai monté mon répertoire d’audition pour l’université. » Au moment de choisir un programme, Spencer s’inscrit en danse, en théâtre musical et en opéra. Il est accepté dans les trois disciplines. « Dans ma tête, je me destinais toujours à une carrière en théâtre musical. Mais quelque chose me disait que je devrais étudier le chant classique, et qu’avec une solide technique vocale, je pourrais toujours retourner au musical plus tard. Alors je suis allé à University of British Columbia. »
 

Ce qui le passionne par-dessus tout, c’est être sur scène. Les costumes, jouer un personnage, se retrouver dans un autre univers, ça le rend heureux. Peu importe la discipline artistique. « Je crois encore qu’un chanteur n’a pas à choisir, qu’il peut faire à la fois de l’opéra et du théâtre musical. Une chose que j’ai apprise à l’Atelier, c’est qu’il faut respecter ce que nous sommes, notre propre vérité. Et pour moi, c’est définitivement possible de faire les deux. »
 

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Un appui inconditionnel

Lorsqu’il arrive à Montréal pour entreprendre son séjour à l’Atelier, il fait déjà partie d’une production de West Side Story avec laquelle il est appelé à tourner aux États-Unis et en Europe. « C’est un spectacle qui me permet de donner tout ce que j’ai. J’utilise ma voix classique et je danse plusieurs chorégraphies de styles différents. » L’Atelier l’encourage à continuer la tournée pendant sa résidence. « Ils m’ont dit vas-y, c’est une belle opportunité pour toi ! Ils souhaitent vraiment que nous grandissions comme artiste, que nous trouvions notre propre voix. Ce n’est pas un programme générique ou formaté, il est vraiment adapté à chaque personne. Ils nous donnent des outils, et c’est à nous de choisir ceux dont nous avons besoin. »

Par le biais de l’Atelier, Spencer fait la connaissance de la professeure de chant Ariane Girard et de la pianiste Marie-Ève Scarfone, avec lesquelles il développe une belle relation de travail. « Ils ont un bon réseau de professeurs et de coachs, mais ils ne t’obligent jamais à travailler avec quelqu’un. Ils m’ont même permis de retourner à Vancouver suivre des cours avec mon professeur de chant là-bas lorsque j’en ai senti le besoin ! » Avec un budget alloué par l’Atelier à chaque artiste, il a pu prendre des cours de français et de danse. « Ils prennent vraiment à cœur notre bien-être. Et ça transparait dans notre travail. Je crois que si on est bien dans notre vie, on a de meilleures chances d’être bien sur scène aussi. »

 
Des moments de grâce à Wilfrid-Pelletier

Deux performances qu’il a livrées au cours de son passage à l’Atelier sont gravées à tout jamais dans le livre d’or de Spencer. Carmina Burana avec les Grands Ballets Canadiens, ainsi que le rôle de Triquet dans l’opéra Eugène Onéguine de Tchaïkovski. 
 

Saisissant la chance de travailler avec un chanteur qui est aussi danseur, le chorégraphe de Carmina Burana intègre le ténor aux mouvements de scène. « Chanter entouré de danseurs, c’est ressentir toute leur énergie, ça devient électrique, et c’est beaucoup plus facile ! Complètement différent de juste être debout et chanter. Assurément un des highlights de ma carrière. »
 

L’impact du rôle de Triquet le frappe de plein fouet à la fin de la première représentation, au moment des saluts. « Jamais je n’aurais imaginé une telle réaction du public. Tous les soirs, c’était le délire ! Alors que Triquet est un tout petit rôle... Je pensais même que le public ne se rappellerait pas de moi ! » Non seulement le public se souvenait, mais il avait adoré. Pour des débuts sur la grande scène de l’Opéra de Montréal, on ne pouvait guère espérer mieux.

 
Cap sur l’Europe

La saison prochaine, Spencer intègrera le Staatsoper Berlin Studio pour deux ans. Pour bien s’y préparer, il suit présentement des cours d’allemand financés par l’Atelier. Contrairement à son arrivée à Montréal qui s’est faite en solo, c’est accompagné de son fiancé, le baryton Ian Burns, qu’il s’installera en sol européen. « C’est sûr que vivre ça à deux, ça va rendre les choses plus faciles. Et après avoir survécu à une relation longue distance pendant des années, on est heureux d’enfin pouvoir avoir un nid où se poser ensemble, un “chez nous”. Même si notre travail nous amène à voyager, au moins on aura un lieu commun où se retrouver. » 
 

Ce n’est pas parce qu’il quitte Montréal que Spencer entend couper les ponts avec l’Opéra de Montréal. « Pendant ma résidence, j’ai senti que j’étais partie prenante de la compagnie. Je n’étais pas juste un jeune artiste qui est ici pour faire sa job et partir après. J’espère pouvoir continuer à grandir avec elle, et la voir grandir aussi. On va certainement rester en contact pour longtemps encore ! »


Suivez le parcours professionnel de Spencer sur Facebook, Instagram (@spencerbritten) ou sur son site web.

 

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