5 questions à Sylvain Scott

Texte : Véronique Gauthier

Photo : Ludovic Rolland-Marcotte

5 questions au metteur en scène Sylvain Scott

1. Comment votre intérêt pour le jeune public est-il arrivé dans votre carrière?

Le premier rôle que j’ai décroché après ma formation en jeu à l’École de théâtre professionnel du Collège Lionel-Groulx était dans une pièce au Théâtre Denise-Pelletier présentée à un public scolaire. La même année, je cofondais avec quatre collègues le Théâtre Le Clou. Dès le départ, notre volonté était de monter des créations destinées à un public adolescent qu’on aurait voulu voir à cet âge, dans lesquelles les jeunes découvrent des personnages qui vivent les mêmes réalités qu’eux et auxquels ils peuvent s’identifier. C’est ce qu’on fait depuis 35 ans! Les adolescents sont un public superbe et inspirant qui me passionne toujours autant.

2. La musique a-t-elle toujours été présente dans votre vie?

Absolument! J’ai commencé à jouer du piano à l’âge de 7 ans. À l’école de théâtre, on m’avait dit que j’allais devoir choisir entre jouer et chanter. Je me disais « mais pourquoi est-ce que je ne pourrais pas faire les deux? » J’ai pris des cours de chant de façon plus assidue et j’ai fait beaucoup de théâtre musical par la suite. C’était logique dans mon parcours.

3. Comment abordez-vous l’opéra comparativement au théâtre ou au théâtre musical?

L’opéra et le théâtre sont des mondes un peu différents, mais il reste que fondamentalement, on raconte une histoire. À l’opéra, quand la musique, l’orchestre et les voix dépassent la maîtrise technique et se mettent au service du récit, toute la beauté se révèle. Dans mon travail avec les chanteurs et les chanteuses, j’insiste beaucoup sur la clarté du texte et l’importance d’incarner les personnages dans son corps. Dans L’Enfant et les Sortilèges, les interprètes doivent se glisser dans la peau de personnages très fantaisistes (une horloge ou une grenouille, par exemple) et ils ont la chance de travailler le mouvement avec une chorégraphe. La musique de Ravel est aussi en soi très théâtrale, chaque personnage a sa couleur et la réduction que joue l’Orchestre de l’Agora est absolument fantastique!

4. Comment abordez-vous cette reprise, après avoir monté l'œuvre une première fois?

Même si les bases demeurent, j’ai l’impression de monter une toute nouvelle production. À partir des mêmes éléments de décor, on investit un espace complètement différent. La première fois, l’orchestre était sur scène et toute ma mise en scène était conçue en fonction de ça. Je créais une circulation autour des musiciens et musiciennes qui symbolisait le maelström du sortilège. Pour la présente production, l’envoûtement fait place à l’éclatement.

Le fait que ça ait dormi pendant un certain temps, c’est aussi très profitable pour le travail de création. Certaines choses se sont déposées pour devenir plus claires, plus limpides. Les bonnes idées tiennent le coup, les mauvaises s’effacent!

5. Qu’est-ce qui attend le public lors des représentations au Théâtre Maisonneuve?

L’Opéra de Montréal fait une belle place à la création depuis quelques années, ce qui fait très plaisir au créateur que je suis! Le Phare, une magnifique œuvre originale, plongera d’abord le public dans un univers onirique et poétique. L’Enfant et les Sortilèges les mènera ensuite dans un monde où le réel et le fantastique se côtoient. Un enfant qui pète sa coche, se rebelle contre l’autorité, fait de la peine, est tiraillé par ses émotions, c’est intemporel!