Portrait Martina Myskohlid, mezzo-soprano

Mode de vie

Par

19 juillet 2023

MARTINA MYSKOHLID
ATELIER LYRIQUE 2021-2023

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Marianne Charland

En compagnie de son inséparable chienne Lucy, la mezzo-soprano Martina Myskohlid nous reçoit dans son appartement lumineux doté de grandes fenêtres. Son aventure à l’Atelier lyrique de Montréal tirant à sa fin, elle y fera bientôt ses boîtes avant de rejoindre le vieux continent où elle s’apprête à écrire un nouveau chapitre de sa vie lyrique.

Retour sur le parcours d’une jeune femme spontanée, charismatique, déterminée et fonceuse!

De la musique classique au théâtre musical… à la musique classique

Originaire de Toronto, Martina grandit auprès de parents de non-musiciens. « Mes deux parents faussent terriblement! », raconte-t-elle en riant. « Mon père est Ukrainien-Autrichien et la musique fait partie de sa culture, mais il n’en a jamais fait professionnellement. » C’est à l’âge de 8 ans que le chant arrive dans sa vie. « Mon professeur avait dit à mes parents que je chantais juste et que je démontrais un certain intérêt pour la musique. Ils m’ont donc inscrite dans une chorale classique, très stricte, où on répétait quatre heures par semaine. »

À l’âge de 12 ans, elle trouve le tout trop sérieux et décrète qu’elle n’aime pas la musique classique. « Aujourd’hui, je réalise que c’était la meilleure éducation musicale que je pouvais avoir! Mais à l’époque, tout ce qui m’intéressait, c’était le théâtre musical. » Suivant ses élans, elle se retrouve sur les bancs (et les planches) de la Etobicoke School of Arts, une école secondaire à vocation artistique de très haut niveau.

« Tous les professeurs de chant que j’ai rencontrés m’ont dit que c’était important d’avoir une base en chant classique pour développer sa voix. J’ai fait un compromis: d’accord, on peut faire un peu de classique, mais je sais ce que je veux, et on va se concentrer sur le théâtre musical. » Sauf qu’après quelques années à flirter avec le genre, l’évidence s’impose: pour en faire une carrière, il faut non seulement bien chanter, mais aussi bien danser. Et Martina n’est pas une danseuse.

Parallèlement à ce constat, on demande à la jeune fille d’explorer une nouvelle avenue vocale dans le cadre d’un projet à l’école. Elle décide d’interpréter l’Ave Maria de Schubert. « Tout de suite, ma professeure m’a dit “Martina, mais ta voix est faite pour ce genre de musique!” Elle m’a demandé d’écouter des airs d’opéra pour voir s’il y en a qui pourraient m’intéresser. J’ai fait des recherches et j’ai réalisé que l’opéra pouvait être sexy, outrageux et amusant! Les costumes, la mise en scène, c’était énorme. Et c’était si bon de chanter de cette manière. Chanter du théâtre musical me demandait beaucoup plus d’effort, alors que là, ça tombait tout naturellement dans ma voix. »

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Redécouvrir sa voix

Rapidement, la nouvelle adepte de chant classique prépare ses airs d’audition et rejoint le programme en chant de l’Université de Toronto en tant que soprano. « Mes quatre années là-bas se sont très bien passées, mais on ne m’offrait pas beaucoup la chance de chanter dans les productions. Je me suis dit qu’il fallait peut-être que je change mon répertoire, et je me suis mise à explorer d’autres airs de soprano tout comme des airs de mezzo-soprano. Je me suis tout de suite sentie mieux dans les airs pour mezzo. »

Comme ce changement de Fach survient à la dernière année de son baccalauréat, Martina s’accorde une pause d’études d’un an à la suite de l’obtention de son diplôme et en profite pour apprendre une foule d’airs de mezzo. « C’était comme essayer une robe qui me va comme un gant! Et soudainement, les portes se sont mises à s’ouvrir. » Acceptée à la maîtrise à l’école de ses rêves, la Yale University, la jeune chanteuse quitte Toronto pour les États-Unis pendant deux ans. En plein cœur de la pandémie, elle auditionne pour l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal.

« J’ai toujours voulu habiter Montréal et j’avais le sentiment que ce serait un bon programme pour moi. » Encore une fois, le sésame opère son charme et l’institution lui ouvre ses portes. À l’automne 2021, Martina devient jeune artiste résidente à l’Atelier lyrique.

Famille, soutien, opportunités: la recette gagnante de l’Atelier lyrique

En mettant les pieds à Montréal, Martina intègre un environnement qui lui offre un équilibre parfait entre accompagnement et liberté. Un espace où elle peut écrire son histoire tout en faisant des rencontres significatives. « Dans une industrie compétitive comme la nôtre, un lieu comme l’Atelier lyrique, exempt de toute compétition, où on est soutenu et où on fait partie d’une grande famille, c’est précieux. Tous les artistes qui participent au programme sont, oui, de bons chanteurs et chanteuses, mais également de bonnes personnes. Et c’est un privilège de pouvoir travailler avec de bonnes personnes tous les jours. On est si chanceux d’être ici! » 

Chanter avec l’Orchestre de l’Agora a été pour la chanteuse une chance incroyable. « On travaille beaucoup avec piano, mais c’est important de prendre de l’expérience avec orchestre aussi. C’est même nécessaire! C’est une chance que cette collaboration entre deux belles organisations existe. »

Techniquement, la chanteuse a fait de grands progrès aux côtés d’Ariane Girard. « C’est la première fois que j’ai la chance de travailler avec une professeure qui est aussi mezzo-soprano. C’est très spécial d’explorer la voix avec Ariane, parce qu’elle est une technicienne incroyable, mais pas seulement. Elle ressent les choses. Une grande part du progrès que j’ai fait ici lui est attribuable. »

Avec Sieger Roorda, elle explore la préparation mentale essentielle à la performance. « En tant que chanteurs et chanteuses classiques, on est des athlètes. Et ça, c’est génial que le programme le reconnaisse. De mon expérience, ce n’est pas quelque chose qui est accessible à beaucoup d’endroits dans notre domaine. »

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En route vers une nouvelle aventure européenne

Qu’est-ce qui attend la jeune artiste dans un futur proche? « Je vais me joindre au Dutch National Opera Studio en août, à Amsterdam. C’est incroyable comment ça m’est arrivé! Un ami a su que je me rendais en Europe ce printemps et il m’a dit “tu devrais aller chanter pour eux”. Il m’a envoyé une adresse courriel, j’ai écrit en leur envoyant des vidéos et mon CV et ils m’ont invitée à venir les rencontrer, même si les auditions étaient déjà terminées. Une heure après mon audition, ils m’offraient une place dans le programme! C’est ce qui s’appelle être au bon endroit au bon moment, et savoir plonger pour se créer ses opportunités. »

Oser et poser des actions concrètes, voilà une grande partie du métier selon Martina. « L’industrie est difficile, je travaille fort et j’essaie de planifier du mieux que je peux. Quand j’ai réalisé que je voulais absolument faire une carrière en opéra, je me suis dit “si je décide d’embrasser cette carrière difficile, je vais essayer de le faire de la meilleure façon possible. Je vais faire ce qu’il y a de mieux.” Je suis allée à Yale. Je suis venue à l’Atelier lyrique. Et maintenant, je déménage en Europe. Je pense vraiment que l’on peut faire tout ce qu’on veut si on apprend comment fonctionne le processus. Si je veux quelque chose, comment puis-je l’atteindre? Qu’est-ce que je peux faire pour me préparer? Qui peut m’aider? Mais je sais aussi que je suis chanceuse. J’appelle ça de la chance organisée! »

Restera-t-elle en contact avec l’Atelier lyrique? « C’est certain! C’est une relation dans laquelle je me sens bien, où c’est facile. C’est comme une grande famille! »

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