Portrait Lucie St-Martin, soprano

Mode de vie

Par

01 juin 2023

LUCIE ST-MARTIN, SOPRANO
ATELIER LYRIQUE 2020-2023

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Marianne Charland

À la fin de ses études secondaires, il est évident pour tout le monde, y compris pour elle-même, que Lucie St-Martin se destine à des études en théâtre musical. Pourtant, c’est plutôt le chemin du chant classique que décide d’emprunter celle qui termine cette année son parcours à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Qu’est-ce qui a justifié ce choix? Comment cohabitent l’amour du jeu et le chant lyrique chez cette passionnée de la scène?

Rencontre avec une femme et une artiste intense, aventurière et entière!

Un coup de foudre inattendu

Lucie s’initie au milieu des arts à l’âge de 11 ans. Alors que le soccer l’appelle beaucoup plus que les planches, la jeune fille décide de suivre ses deux meilleures amies au camp de jour L’Artishow, à Gatineau, dédié aux arts de la scène. Contre toute attente, c’est le coup de foudre. « Ça a été comme recevoir une dose d’héroïne, je suis devenue accro! » Elle implore ses parents « en pleurant, comme si ma vie en dépendait », de poursuivre la formation une fois l’automne venu. Elle y reste finalement jusqu’à la fin de son secondaire.

C’est à travers Le Fantôme de l’Opéra que l’amoureuse de théâtre musical s’ouvre au monde du chant lyrique. « Ma prof m’a ensuite fait un CD avec les plus grands airs d’opéra, et je l’écoutais en boucle dans l’auto. J’ai eu un déclic et je me suis dit que je pourrais d’abord étudier le chant classique, et qu’ensuite j’irais à Broadway. C’était mon plan. »

Plan qui la mène à Vincent-d’Indy, où elle se présente aux auditions sans aucune notion de théorie musicale et en ayant appris son air par oreille. « Je ne connaissais rien à l’opéra, j’avais un énorme syndrome de l’imposteur qui m’a suivi jusqu’à mes études au Conservatoire par la suite. J’étais en retard sur tout le monde! »

Au cours de sa dernière année de maîtrise au Conservatoire de musique de Montréal, Lucie se fait offrir un rôle dans une production du Fantôme de l’Opéra. L’occasion est trop belle de se joindre à cette œuvre à travers laquelle est né son amour pour le chant, le théâtre et l’opéra, et elle quitte les bancs d’école pour réaliser son rêve. « Je suis entrée à l’Atelier lyrique juste après. J’ai été très chanceuse! »

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Une actrice qui chante

L’amour du jeu a toujours fait partie de l’interprète, jusqu’à en définir son essence. « C’est ma signature. C’est ce qui m’a permis de rentrer au Cégep à Vincent-d’Indy sans savoir lire les notes, d’entrer ensuite au Conservatoire et c’est ce qui me distingue encore aujourd’hui. La plupart des chanteurs et chanteuses arrivent avec un background de chant choral ou musical, moi j’avais fait du théâtre et de l’impro. Ça m’amène une autre couleur. »

Pourtant, cette singularité est longtemps vue comme un handicap par la principale intéressée. « J’avais un grand complexe face aux autres chanteurs et chanteuses que je côtoyais. Je me sentais un peu comme une bibitte. Mais j’assume de plus en plus que c’est ce que je suis, que je suis différente des autres, mais que je ne suis pas moins que les autres. Ma différence, c’est aussi ce qui fait ma force. L’Atelier m’a beaucoup aidée avec ça! »

Faire grandir l’artiste dans ce qu’elle est

Alors que dans l’esprit de Lucie, s’investir dans des projets de théâtre musical risque de la rayer à tout jamais du monde classique, c’est étonnamment l’équipe de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal qui lui ouvre les œillères et élargit son champ des possibles.

« J’avais l’impression que le milieu classique pourrait facilement m’étiqueter si je touchais à autre chose, et que je ne chanterais plus jamais de Mozart. Mais à l’Atelier, au contraire, on m’a encouragée, on m’a soutenue, on m’a dit “Vas-y, fais tes projets, de la comédie musicale, du théâtre!”. Ici, tout le monde est super bienveillant et humain, personne ne veut faire de toi un produit qui rentre dans un moule. On met à ta disposition un environnement qui te correspond, propice à ce que tu évolues dans ce que tu es. Ils sont tellement à l’écoute! »

Aujourd’hui, l’artiste reconnaît qu’elle est plurielle, et que c’est cette diversité qui la rend heureuse. « Je chante du Massenet, du Kurt Weill et du musical pour un concours, et je me sens tellement bien. L’Atelier avait raison. Je ne ferai pas que du Mozart. Mais je vais en faire aussi, parce que je trouve ça super beau! »

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Des rencontres et des expériences déterminantes

Dans le cadre du concert Emily inspiré de la vie de la poète Emily Dickinson, Lucie a la chance d’assister à une causerie donnée par les créateurs, Johnathan McCullough et Christopher Allen. Un moment déterminant pour la jeune artiste. « Ce qui revenait dans leur discours, c’était qu’en 2023, il faut avoir des projets diversifiés. Créer et sortir des sentiers battus. Ces deux personnes sont arrivées au bon moment dans mon cheminement, en cohérence avec là où je veux aller. »

Tenir le rôle-titre dans L’Enfant et les sortilèges de Ravel est également un moment fort de son parcours. « C’est vraiment un rôle de jeu, et j’ai adoré travailler avec le metteur en scène Sylvain Scott. C’était une belle expérience artistique et humaine. »

Tant au niveau technique et musical avec Ariane Girard et Esther Gonthier que de la préparation mentale à la performance avec Sieger Roorda, la soprano n’a que des bons mots pour l’équipe qui l’a accompagnée les 3 dernières années. « L’Atelier veut qu’on soit bien, et on sent que c’est pour vrai. Ariane m’a fait faire des pas de géant dans ma technique, ça n’a rien à voir avec quand je suis arrivée ici. Je sais définitivement plus ce que je fais. Beaucoup de choses se sont placées, tant psychologiquement, mentalement que techniquement. »

Une suite à découvrir… et à construire!

Comment se sent la chanteuse à sa sortie du programme? « D’une journée à l’autre, ça change. En ce moment, je sens que je suis sur une bonne vibe. Je suis motivée à faire mes projets, à faire plus de théâtre et de théâtre musical. »

Restera-t-elle en contact avec l’Atelier, entre deux contrats et quelques voyages en vélo? « Assurément! Je sais qu’ils sont là pour la suite, et que je peux toujours les contacter si je le souhaite. » Idem pour Sue Wehner, sa marraine à l’Atelier lyrique, avec qui elle a développé une précieuse relation emplie de bienveillance. « C’est une femme adorable, tellement gentille, qui a définitivement marqué mon parcours. Je ne pouvais pas mieux tomber! C’est certain que je vais rester en contact avec elle. »

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