Portrait Karoline Podolak, soprano

Mode de vie

Par Communications et marketing

01 novembre 2023

KAROLINE PODOLAK, SOPRANO
ATELIER LYRIQUE 2022-2023

Texte : Véronique Gauthier

Photos : Marianne Charland

Après un parcours hors du commun qui l’a menée de Toronto à la Pologne, la soprano Karoline Podolak rejoint les rangs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal à l’automne 2022. Un an plus tard, c’est avec regret qu’elle quitte l’aventure pour retrouver sa ville natale, emportant dans ses bagages une riche expérience et de doux souvenirs.

Quelle trace son passage au sein de l’institution laissera-t-il chez cette artiste ambitieuse, romantique et déterminée? Elle revient avec nous sur cette année bien remplie.

La musique: un héritage familial

Originaire de Toronto, Karoline vient d’une famille de cinq enfants tissée serrée. Ses parents, tous deux immigrants polonais, ont un intérêt aiguisé pour les arts, bien qu’ils gagnent leur vie en travaillant dans un hôpital. « Ma mère est infirmière, mais quand j’étais jeune, elle faisait également partie d’un band avec sa sœur jumelle et des amis, dans lequel elle chantait, jouait de la guitare et avec qui elle partait en tournée. Mon père était davantage passionné par l’art visuel. Ça a toujours été important pour mes parents que l’on s’intéresse à la musique, sans nécessairement en faire une carrière. Pour eux, c’était davantage un outil pour nous aider à nous développer et à grandir. »

Enfant, le film Amadeus est synonyme de soirées cinéma mémorables en famille. « C’était notre film préféré! On mangeait de la pizza et on s’installait devant la télé pour l’écouter. J’adorais une scène où on entendait un air de soprano de Mozart, et je m’amusais à le chanter en prenant une grosse voix de ténor », se rappelle-t-elle en riant.

Profitant d’un rabais destiné aux enfants pour assister aux générales présentées au Canadian Opera Company, Karoline a la chance d’être en contact avec l’opéra, bien que l’idée même d’en faire partie un jour ne lui effleure pas l’esprit. Après avoir joué du violon, de la guitare et chanté pour le plaisir, une certitude lui vient pourtant en grandissant: elle évoluera dans le milieu des arts.

Des communications à la scène

Entre théâtre (elle rêve plus jeune de devenir actrice), radio et télévision, le cœur de la jeune artiste balance. Elle découvre alors un programme offert par la RTA School of Media qui lui permet de toucher à un vaste champ de ses intérêts. Tout au long de ses études, la musique et le chant l’accompagnent toujours alors qu’elle suit des cours auprès d’une soprano polonaise et canadienne. À ses côtés, elle explore le théâtre musical et l’opéra.

Baccalauréat en poche, Karoline décroche rapidement un emploi qu’elle adore dans le domaine des médias, en radio et en télévision. Elle se produit parallèlement dans ses premiers concerts en tant que soliste avec un chœur dont ses parents font partie. Ces contrats l’amènent à se produire à Toronto et aux États-Unis ainsi qu’en Pologne, où sa carrière prend un tournant inespéré.

« On est allé chanter dans un festival regroupant plusieurs chorales polonaises provenant de partout dans le monde. C’était incroyable. Ma tante, qui demeure toujours en Pologne, y était, et m’a proposé de chanter pour un professeur qu’elle connaissait pour qu’il me donne des conseils. J’ai eu une très longue rencontre avec ce professeur, il était impressionné et m’a proposé de venir faire ma maîtrise en Pologne. On m’a offert cette opportunité sur un plateau d’argent, tous frais d’études payés, et ma vie a changé. J’ai pu me concentrer à temps plein sur la musique, et en étant en Europe, j’ai eu plusieurs occasions de me produire en public. Je crois au destin, et ce moment a été un tournant dans mon existence. Une chance qui ne se présente qu’une fois dans une vie! »

Revenir chanter au pays

En rentrant au pays, Karoline sent qu’elle doit construire de nouveaux repères professionnels. « J’ai participé à plusieurs productions en Europe, mais à mon retour au Canada, les gens ne savaient pas qui j’étais. Je me suis donc fixé comme objectif de bâtir mon réseau tout en continuant à me perfectionner vocalement. Je me suis inscrite à des concours et à différents programmes. »

Et voilà que le destin frappe encore, l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal lui ouvrant ses portes. « Je suis tellement contente d’être venue à Montréal! Ici, on soutient les jeunes artistes à plusieurs points de vue. D’abord financièrement, ce qui n’est pas à négliger pour pouvoir se consacrer à son art, et aussi dans tout l’apprentissage qui nous est offert. Le programme est une réelle bénédiction pour les jeunes artistes. Il arrive à un moment si crucial de notre carrière et de notre vie. »

Dans le cadre sécurisant et bienveillant de l’Atelier lyrique, la soprano peaufine sa technique, travaille du répertoire, « surtout en français! », et travaille pour la première fois de façon régulière avec une pianiste collaboratrice, ce qui lui permet de progresser significativement à certains niveaux.

« Ça enlève un énorme stress. J’ai senti que je pouvais me permettre de prendre des risques, d’essayer et de saisir certaines occasions parce que j’étais soutenue et que j’étais dans un contexte de stabilité. Ça change tout. »

Des rencontres qui font grandir l’artiste

Quand elle évoque les expériences et les rencontres marquantes de son année en sol montréalais, Karoline sourit au souvenir de L’enfant et les sortilèges de Ravel et de tout le plaisir que le processus a suscité en elle. « L’ambiance était super, c’est une expérience que je n’oublierai jamais. Comme ça a été enregistré, c’est un souvenir que je vais être heureuse de partager avec mes petits-enfants un jour! »

Avec le projet Emily, la passionnée d’opéra (qui pourrait chanter le rôle de Violetta toute sa vie) sort de sa zone de confort. « Honnêtement, je ne me spécialise pas en mélodies et en Art Songs. Ça a donc été un défi, mais c’était incroyable de travailler avec Christopher Allen et Johnathan McCullough. Ils m’ont beaucoup inspirée et m’ont appris à toujours penser avec intention. On peut avoir une belle voix et être bien préparée, mais s’il n’y a pas d’intention derrière ce qu’on chante, ça n’a aucune importance. »

Dans un même ordre d’idée, sa rencontre avec le coach de jeu Tom Diamond lui fait réaliser que l’opéra, c’est jouer et chanter à la fois, et que plutôt que d’essayer d’être parfaite, il faut plonger complètement. La classe de maître donnée par Barbara Hannigan se révèle également être un moment inspirant pour la chanteuse. « C’était un grand privilège de pouvoir l’entendre et regarder travailler. J’ai aussi beaucoup apprécié ses conseils pour la carrière de manière générale. »

Un envol pour mieux revenir

Son année passée à Montréal laissera un souvenir impérissable chez la soprano. « Une si belle communauté s’est bâtie entre les chanteurs et les chanteuses, et avec les professeurs aussi. Je n’ai jamais connu une aussi étroite connexion dans un groupe auparavant. On est comme une famille! Ça a été une expérience absolument positive, je me sens très reconnaissante de mon passage ici et triste que ce soit la fin. Mais j’espère rester en contact avec l’Atelier lyrique. Mon rêve serait de revenir chanter sur la scène de l’Opéra de Montréal! »

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